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Lagosphere - un blog à Lagos, Nigeria
12 avril 2009

Wole Soyinka - L'écuyer et la mort du roi

La Bibliothèque Muncipale de Lagos vous ouvre ses portes ! La littérature nigériane est foisonnante, de grande qualité, bien vivante. Au fil de mes lectures, je vous ferai partager sur le blog mes coups de coeur et découvrir les meilleurs livres made in Nigeria.

Wole Soyinka est le point de départ obligé d'une découverte de la littérature nigériane. J'ai choisi de l'auteur, Prix Nobel de Littérature en 1986, une de ses nombreuses pièces de théâtre, sans doute la plus célèbre : L'écuyer et la mort du roi (1975).

soyinka

Il s'agit d'une pièce en 5 actes, inspirée de faits réels (à Oyo, en 1946). "Cette année-là, les vies d'Elesin, de son fils et de l'administrateur régional des Colonies se sont étroitement mêlées ; les conséquences désastreuses de cette rencontre sont exposées dans la pièce."

30 jours après la mort du roi, son écuyer (Elesin), son cheval et son chien doivent être sacrifiés pour guider le souverain au royaume des morts. Mais ce suicide organisé n'est pas du goût de l'administrateur anglais, qui va s'opposer à cette coutume qu'il juge barbare.

Le fils de l'écuyer demandera, en comparant les massacres des champs de bataille de la 2nde Guerre Mondiale à ce sacrifice rituel qui permet de perpétuer l'honneur d'un peuple : "-Un suicide rituel ? -Est-ce pire qu'un suicide de masse ? (...) Comment appelez-vous ce que les généraux demandent à ces jeunes gens au cours de cette guerre ?"

Après un 1er acte qui perd le lecteur (ou le spectateur) dans un dédale d'énigmes, de chants, de proverbes (j'en ai dénombré une trentaine : "c'est quand le vent froid lui souffle dans le dos que l'oiseau reconnaît ses vrais amis", "la tempête décide où et quand elle entraîne les géants de la foret"...), l'intrigue commence vraiment avec la confrontation entre l'administrateur anglais, représentant du colonisateur anglais et l'écuyer du roi qui doit se sacrifier. Le lecteur est alors pris par la richesse du texte et la complexité des personnages. Face à la multiplicité des lectures possibles de la pièce (réflexion sur la culture, la colonisation, l'honneur et le devoir, l'absurdité de la guerre...), l'auteur prévient, en préface :

"L'inconvénient de ce genre de thèmes, est qu'à peine sont-ils employés dans une oeuvre qu'ils sont classés comme ''conflits de cultures'' (...) Le facteur colonial n’est qu’un incident, un simple catalyseur. La confrontation dans la pièce est dans une large mesure métaphysique, contenue dans le véhicule humain qu’est Elesin et l’univers de l’esprit Yoruba : le monde des vivants, des morts et de ceux qui sont à naître ; et dans le passage secret qui relie tout : la transition."

Un résumé complet sur Presse Africaine (avec la fin dévoilée, attention !)

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